Sunday, December 23, 2007

Bonnes Vacances, passez de joyeuses fêtes!


Merci pour cette dernière semaine en votre compagnie, on s'est bien amusés!
Et bravo à la 6eD pour son travail sur le projet Petrouchka!

A bientôt!

Wednesday, December 12, 2007

Mouvement contre la LRU (suite): Autonomie des collèges et lycées.

N'attendons pas les conclusions de la commission Pochard ! Dès maintenant, appelons nos collègues de l'enseignement scolaire et leurs organisations à rejoindre le mouvement contre la LRU !


Bientôt l'autonomie des collèges et des lycées ?

La loi « Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU), votée le 10 août 2007, sous couvert de conférer la sacro-sainte Autonomie aux Universités, prépare en réalité le démantèlement du service public d'enseignement supérieur. On sait l'ampleur du mouvement qu'elle a suscité et qui réclame son abrogation.
Pendant ce temps, une commission se réunit dans les salons dorés de la République : la commission Pochard. Que prépare-t-elle ? Rien de moins que l'« autonomie » des établissements scolaires.

Officiellement, la commission est chargée de réfléchir sur le métier d'enseignant. Plus exactement, dans la lettre de mission envoyée le 20 septembre 2007 à Marcel Pochard, Conseiller d'Etat, Xavier Darcos explique :
« Le Président de la République et le Premier Ministre m'ont demandé, dans la lettre de mission qu'ils m'ont adressée, de mener le chantier de la redéfinition de la condition enseignante et d'entreprendre une large concertation avec l'ensemble des acteurs de la communauté éducative et notamment, des représentants du monde enseignant. Ce processus, qui doit s'achever au printemps, se déroulera en deux temps : l'élaboration d'un état des lieux argumenté, sous formes d'un Livre Vert, puis celui de la proposition du gouvernement et de la négociation, sur le fondement d'un Livre Blanc ».

Mis à part les talents chromatiques cachés de Xavier Darcos, avouons que cela ne nous apprend pas grand-chose. Pour en savoir plus, mieux vaut directement lire la lettre de mission
envoyée le 5 juillet 2007 par Nicolas Sarkozy et François Fillon à Xavier Darcos.
En effet, les conclusions d'une commission ministérielle se trouvent souvent dans la lettre qui en est à l'origine.

Nous allons voir qu'elle suit une logique en tous points identiques à celle mise en oeuvre pour la LRU. Tout d'abord les deux premiers paragraphes sont communs à toutes les lettres de missions destinées aux différents ministres, y compris à Valérie Pécresse. Le résultat de
l'élection présidentielle y est en quelque sorte présenté comme un référendum anticipé sur toutes les réformes présentes et à venir.

Ensuite, le constat est semblable : l'échec en licence est remplacé par « les 20 % des élèves [qui] sortent du système scolaire sans qualification ». Dans les deux lettres, une prétendue « bataille mondiale de l'intelligence » risquerait d'être perdue si tant pour nos établissements scolaires que pour nos Universités, l'objectif de gagner des places dans les tout puissants « classements internationaux » n'était pas rempli. Enfin, quelques citations nous montrent que les modalités sont les mêmes :

- autonomie : « vous donnerez d'abord à tous les établissements plus de souplesse et d'autonomie, en particulier dans le domaine budgétaire, pour leur permettre de mettre en oeuvre, sous le contrôle bien sûr de l'autorité académique, un projet pédagogique qui leur soit propre »

- « orientation active » et mission d'insertion professionnelle : nous estimons que tous les élèves, dès la classe de cinquième, devraient suivre un parcours de découverte des différents métiers. Ce sera le rôle d'un nouveau service public de l'orientation, que vous mettrez en place, que d'organiser ce parcours et de donner à chaque famille et à chaque
élève des informations pertinentes, fondées sur des évaluations précises et publiques, sur les différentes filières de l'enseignement supérieur et de l'enseignement technique et professionnel. La réussite scolaire, c'est que chaque enfant puisse s'orienter dans une voie qui corresponde à ses projets personnels, à ses talents, aux besoins du marché du travail
"

- chantage de l'évaluation : « Vous garantirez la liberté pédagogique des enseignants, en contrepartie de quoi vous les évaluerez plus régulièrement sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves », « une évaluation régulière des enseignants sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves, et non pas sur les méthodes qu'ils utilisent », « une évaluation en profondeur des établissements, qui sera disponible pour les familles ; enfin, une évaluation indépendante et régulière de l'ensemble de notre système éducatif, afin que l'autorité
politique puisse en permanence prendre les décisions nécessaires pour garantir la qualité de l'école et sa capacité à répondre aux obligations et aux attentes du monde contemporain
»

- mise à mort des concours nationaux (CAPES, AGREG) et des statuts associés : « La formation des enseignants devra durer cinq ans et sera reconnue par un diplôme de niveau master »

- employer moins d'enseignants pour (peut-être) les payer plus, en individualisant les carrières : « Nous voulons également que la rémunération des enseignants corresponde mieux à l'importance de leur rôle pour la nation, à court terme en permettant aux enseignants qui veulent travailler plus pour gagner plus de le faire, à moyen terme en conciliant mieux l'évolution des effectifs et l'évolution des rémunérations. Nous souhaitons que le mérite soit reconnu, tant au niveau individuel que collectif. C'est possible tout en étant objectif.
Il nous semble naturel que chaque enseignant puisse maîtriser, par son travail, l'évolution de sa carrière et de ses revenus en s'investissant comme il le souhaite dans son métier principal et dans des activités complémentaires. Les obligations de service des enseignants devront
tenir compte de cette nouvelle liberté qui leur est offerte. », « l'engagement présidentiel d'embaucher un fonctionnaire pour deux partant à la retraite
»

Il y a aussi des mesures plus spécifiques à l'enseignement scolaire, par exemple une sorte d'« enseigner moins pour apprendre plus » : le projet « pose la question de l'ampleur actuelle des programmes scolaires et de la surcharge horaire imposée aux enfants, dont les journées de travail sont parfois plus longues que celles de leurs parents. De fait, les enfants français ont des emplois du temps plus lourds que leurs homologues étrangers sans que cela se traduise par un niveau scolaire général sensiblement supérieur. Vous ouvrirez donc une réflexion sur la manière de réduire le volume horaire imposé aux enfants tout en valorisant les activités collectives et d'ouverture, et sans renoncer à nos exigences essentielles »

Pour être honnête, reconnaissons que les membres de la commission peuvent avoir d'autres idées. Qui sont-ils ? Parmi eux, on trouve, entre autres, un ancien premier ministre d'une autre majorité, deux professeurs de l'Enseignement Supérieur et deux directeurs de recherche.
Comme membre de l'Education Nationale, seul un inspecteur général est présent ; c'est normal, pour demander leur avis aux professeurs, la grande concertation suffira. En revanche siègent deux éminents experts :
Foucauld Lestienne, directeur délégué des ressources humaines et des relations sociales du groupe La Poste, et Philippe Manière, directeur général de l'Institut Montaigne, présentateur de l'émission « les grands débats du mardi » sur B.F.M., éditorialiste au mensuel « Enjeux-Les Echos ». Justement, l'Institut Montaigne, qui se définit comme un «think tank indépendant », a publié en novembre 2001 un rapport intitulé « Vers des établissements scolaires autonomes »

On peut y lire :
« Nous proposons de donner aux établissements publics ou privés, qui en feront la demande, les moyens de la plus large autonomie possible sans que pour autant l'éducation cesse d'être nationale :
- Que soit reconnue au chef d'établissement la possibilité d'orienter la politique de son école - dans le cadre du projet d'établissement
– et d'avoir une réelle capacité de choix pour organiser les enseignements.
- Que l'enseignant puisse faire le choix de l'établissement auquel il souhaite collaborer en fonction des orientations pédagogiques de celui-ci.
- Qu'il y ait entre le chef d'établissement et l'enseignant un acte de cooptation et d'embauche, rompant avec la routine aveugle des carrières au barème.
- Que, dans un monde complexe et mouvant, l'initiative laissée aux établissements offre aux élèves une diversité de formations. »
ou encore :
- « Donner aux chefs d'établissement la possibilité de recruter leurs collaborateurs après appel de candidature ou candidatures spontanées, dans la mesure où les candidats sont habilités.
- Donner aux enseignants, d'abord mus par le goût de transmettre une culture, la possibilité de recevoir en des lieux divers une formation permanente qualifiante.
- Donner à des personnes compétentes engagées dans d'autres professions la possibilité d'être habilitées à enseigner.
- Accorder aux établissements une totale autonomie financière, en particulier dans la gestion de la masse salariale.
- Constituer des conseils d'administration et conseils stratégiques qui assistent la direction dans sa tâche et lient l'école à son environnement social, économique et culturel.
- Introduire dans les établissements une culture de l'évaluation et de la transparence. »


On voit que la LRU et la future réforme des établissements scolaires s'inscrivent dans la même logique : appliquer des recettes manageriales en déréglementant le « marché du travail » des personnels, préparer le désengagement de l'Etat et mettre en concurrence les établissements.

N'attendons pas les conclusions de la commission Pochard ! Dès maintenant, appelons nos collègues de l'enseignement scolaire et leurs organisations à rejoindre le mouvement contre la LRU !

Frédéric Caupin
Maître de Conférences à l'Ecole Normale Supérieure

Monday, December 10, 2007

Je me suis amusée à créer mon Slide Show!

J'trouve çà très sympa de voir tous ses dessins à la suite comme çà. J'vais en faire d'autres. Mais, sinon, oui, ce matin, j'ai autre chose à faire. Alors à peluche.

Saturday, December 01, 2007

appel de l'université de Paris 13

Un lien que l'on m'a envoyé et que je diffuse à la demande de l'université paris 13. Lisez s.v.p!


Nous, enseignants, chercheurs et personnels administratifs de l'université de Paris 13, nous déclarons opposés à la loi Libertés et Responsabilités des Universités, dite d' « Autonomie ». Nous ne nous reconnaissons pas dans le soutien quasi sans faille de la Conférence des Présidents des Universités (exprimé au mépris des nombreuses motions des conseils condamnant cette loi). Certes, l'université est en crise et le statu quo ne saurait nous satisfaire, mais loi LRU n'apporte pas de réponses aux difficultés réelles de l'université. Plus grave encore, elle en créera de nouvelles : elle accroît les inégalités entre les établissements et s'attaque à la notion même de service public de l'enseignement supérieur et de la recherche. Nos critiques s'articulent autour de trois axes :

Concentration des pouvoirs : la loi LRU offre au président d'université un arsenal de dispositions qui renforcent ses pouvoirs. Démocratie et collégialité sont menacées par la réduction du rôle du Conseil Scientifique et Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire, qui ne seront plus que « consultés ». Le recrutement ne sera plus assuré par des commissions de spécialistes mais par des comités de sélection ad hoc désignés par le président, et dont les membres n'émaneront plus exclusivement du champ disciplinaire concerné. Censés remédier au « localisme » qui affecte beaucoup de recrutements actuels, ces comités de sélection ne feront pourtant que renforcer les logiques de clientélisme tout en perdant en légitimité scientifique et en collégialité. Le président aura en outre un droit de veto sur les décisions finales de ces comités.


Recours au financement privé : la loi LRU l'encourage par le biais de fondations qui géreront des dons d'entreprises privées ou de particuliers, des réductions d'impôts étant accordées pour un montant représentant 60 à 66% des dons. Dans le même temps, le budget 2008 confirme le désengagement de l'Etat: les montants alloués au Crédit Impôt Recherche augmentent massivement afin de financer la recherche privée, aucune création de postes n'est envisagée. Que ce soit par ces réductions d'impôts ou par le Crédit Impôt Recherche, l'Etat laisse ainsi des intérêts privés répartir, sans aucun contrôle, une partie significative du budget de la nation consacré à l'enseignement supérieur et la recherche. Ce choix de financement signifie pour nous que derrière l'annonce d'autonomie financière des universités se profile en fait la menace d'une perte d'autonomie scientifique et pédagogique face à la logique utilitariste des investisseurs privés. La course à ces financements privés instaurera par ailleurs une mise en concurrence d'établissements - et de formations entre elles en leur sein - alors que tous n'ont déjà pas au départ les mêmes atouts. Ceci accentuera donc la hiérarchisation, au lieu de tendre à rétablir une équité ainsi qu'¦uvrer à une unification des moyens des formations post-bac (Classes préparatoires/grandes écoles, universités, IUT, BTS).

Remise en cause des statuts des personnels : la loi LRU renforce un processus déjà amorcé pour les personnels BIATOS : individualisation des carrières, arbitraire du pouvoir hiérarchique à travers l'instauration de primes et modulations de service (après une évaluation sujette à caution). La loi élargit également les possibilités de recrutement de non-fonctionnaires (en CDD ou CDI) et par là même augmente la précarisation des personnels, notamment des BIATOS, mais aussi des enseignants-chercheurs désormais. Les présidents en mal de soutien financier ou cherchant à compenser les sommes dépensées pour attirer les « meilleurs » ne manqueront pas d'être tentés par ces possibilités nouvelles, ou alors d'externaliser certains services de manière à diminuer la masse salariale au profit du budget de fonctionnement.


Ensemble, nous refusons l'université qui nous est proposée. Nous voulons une université avant tout publique et offrant les mêmes chances de réussite à tous. Pour cela, l'Etat doit s'engager à la financer à la hauteur des autres pays de l'OCDE. Nous ne rejetons ni la professionnalisation ni la nécessité d'entretenir des liens avec le monde du travail mais selon nous, l'université ne doit pas assujettir ses missions aux demandes fluctuantes des investisseurs privés et des employeurs. Elle doit rester un lieu de diffusion des savoirs et de la connaissance, de développement de la recherche, ainsi qu'un lieu d'émancipation intellectuelle et de promotion sociale.

En conséquence, nous nous engageons et appelons nos collègues de tous statuts à participer activement à la mobilisation, aux côtés des étudiants. Nous appelons également à la reprise d'assises de l'enseignement supérieur dans tous les établissements, afin d'associer étudiants et personnels à la réflexion sur les missions de l'université et ses nécessaires évolutions. La réforme de l'Université ne peut en effet s'envisager qu'après un large débat impliquant les communautés scientifiques, et au-delà l'ensemble de la société française.

Sauvons l'université et construisons ensemble un autre projet !